09 mai 2010

Mors ou licol ou les deux ?

Le week-end dernier, j'ai travaillé en filet simple, et la séance a été extra (voir article "Euphorie"). Contente (trop ?), je suis repassée au licol dès le lendemain. Car mon idée est de réussir à faire aussi bien en licol qu'avec le mors ou la bride. Je dois dire que la séance du lendemain, en licol donc, a été quasiment aussi bien : cheval sur la main, rond, léger, EED, appuyer, tête au mur, transitions pas-trot, trot-piaffer-trot, pas-reculer-pas, etc... Et le galop était lui aussi en équilibre, sur la main, avec rebond, légèreté des épaules, mêmes rênes longues elle continuait à se tenir seule, tout comme la veille en filet. Alors je me suis dit, c'est gagné !
Oui... mais non...
Aujourd'hui, je remonte en licol. Petite détente rapide aux trois allures rênes longues le long de la lice, aux deux mains, Jade est régulière, agréable à monter, équilibre horizontal, pas avachie devant. Je passe dans le travail rênes ajustées, au pas, au trot. Puis je demande des transitions trot-piaffer-trot, je la réveille un peu et la transition vers le trot est beaucoup plus tonique, je sens mieux la poussée sous les fesses, elle part en avant dynamique, je sens le dos monter, l'énergie sous la selle. Je lui demande 2 ou 3 fois à chaque main, elle pousse bien pour repartir dans le trot, et je laisse là-dessus.
Pause bien méritée.
Je commence les départs au galop. Et là, paf, tout est retombé ! De un, j'aurais dû peut-être m'arrêter là, j'ai été trop gourmande. De deux, j'aurais dû mettre le filet pour repartir sur ce travail. Les départs sont mauvais, elle se jette sur les épaules, je n'arrive pas à l'avoir ronde, impression d'un cheval "à plat" : il n'y a plus de rebond, plus d'équilibre sur les hanches, plus d'épaules légères, plus de garrot montant,... Et je n'arrive pas à corriger cela avec mon licol.
Ce n'est pas la première fois où, après quelques séances en filet ou en bride, elle se tient bien en licol, comme si elle utilisait ses acquis apportés par le mors. Et puis tout "retombe" si je m'obstine à ne monter qu'en licol.
Donc, au jour d'aujourd'hui, mon avis est que le mors reste le meilleur outil pour mener un travail physique et pour consolider ce travail. Une fois bien avancé, on peut repasser au licol (ou même en cordéo) pour tester les acquis.
Si je me trompe, dans ce cas, existe-t-il des chevaux débourrés, travaillés et menés jusqu'au niveau Grand Prix de Dressage en n'ayant jamais au grand jamais utilisé un mors ?

1 commentaire:

Nicolas P a dit…

Très intéressant, surtout quand les nouvelles tendances sont au "sans mors", side pull et compagnie... Je suis monté avec Isa Danne comme toi, et je suis maintenant aux Etats-Unis, chez Josh Lyons. J'ai aussi eu l'occasion de rencontré John, et voilà ce qu'il expliquait : Au début, pour apprendre au cheval à céder à la pression, il utilisait un sac en toile de jute nouer autour du cou et relié à un lasso. Il envoyait le cheval sur un cercle, puis mettait de la pression sur le lasso jusqu'à ce que le cheval s'arrête puis le renvoyais etc. Quand cette phase était bien comprise, il passait au licol, puis en dernier, au filet.
Pour lui, la progression était logique, allant du moins "dur" au plus dûr, le mors.
Mais au fil du temps, il s'est aperçu que le sac en toile de jute et le licol ne sont pas des outils aussi précis qu'un mors, le cheval met plus longtemps à comprendre l'exercice, la confusion est plus grande. Avec un mors au contraire, les premiers essais sont peut être un peu plus dûr, mais le cheval comprends bien plus vite et deviens vite beaucoup plus léger.
A mon sens, le mors est le meilleur outil pour réellement entraîner le cheval et le dresser. Parce qu'il est beaucoup plus précis et enlève plus vite la confusion chez le cheval.
Dresser uniquement en licol reviendrait à prendre des cours avec un prof qui ne connaîtrait sa matière qu'approximativement... Alors 25 + 25 font à peu près entre 47 et 55, quand même plus proche de 55 mais pas trop loin de 47 non plus... HORRIBLE. Le mors est capable de dire au cheval exactement ce qu'on attend de lui. Après oui, pourquoi pas monter en licol pour vérifier que le cheval a compris la leçon, mais on ne peut pas corriger en apportant des réponses approximatives. Il faudra donc revenir au mors pour plus de légèreté.