06 novembre 2005

Balade d'un dimanche

Nous sommes sorties en forêt, rien que elle et moi, ce dimanche. Il faisait beau et frais, avec pas mal de vent, ce qui rendait ma bonne pâte portugaise (ou espagnole ? Allez savoir !) plus vive que d'habitude. Nous avons fait beaucoup de pas et un peu de trot pour un peu moins de deux heures de sortie.

Nous avons grimpé des côtes fameuses, escaladé des collines rocailleuses, passé à travers bois et suivi les pistes sablées qui nous conduisaient à un embranchement où je profitais pour lui demander quelques moments d'immobilité avant de choisir une nouvelle direction.

Nous avons croisé un quad avec trois jeunes à bord et des groupes de promeneurs. Elle les a scruté avec méfiance mais rien de plus. Elle ne se préoccupe pas du tout quand un oiseau s'envole soudainement ou quand un animal se faufile sous les buissons. Par contre, elle a été surprise et a sursauté quand un blong! a retenti. Je pense que ça devait être un des ponts en bois du parcours de moto-cross qui n'était pas loin. Aux blong! suivants, elle n'a plus réagi.

J'étais sereine et je crois que ça joue beaucoup. Surtout quand elle a sursauté une seconde fois et esquissé une fuite en avant quand un autre bruit derrière nous l'a surprise. Mais j'ai eu le bon réflexe de ne pas serrer les jambes ni remonter sur mes rênes, de ne rien changer en fait, et tout ce qu'elle a fait, c'est rentrer les fesses sous elle comme si elle voulait démarrer pour finalement rester sagement au pas. Si j'avais eu le réflexe inverse, elle serait sans doute partie au triple galop.

Sa réactivité et sa légèreté m'impressionnent toujours en forêt. Même si on ne peut pas dire qu'elle soit détendue, elle respecte l'allure donnée, rênes longues, s'arrêtant à ma demande à peine les rênes rassemblées ; j
e lève les rênes du licol et elle freine. Souvent, je n'ai pas besoin des jambes pour passer au trot. J'amorce un reculer et elle recule tout de suite, droit, promptement, dans
la bonne attitude rênes légères. Je demande l'arrêt et elle le garde (sans m'éterniser quand même) jusqu'à ce que d'une main, j'avance seulement les rênes et elle repart aussitôt.

Sur le chemin du retour, profitant de son empressement et de l'impulsion que cela lui procurait, nous avons fait quelques pas de côtés à chaque main. En carrière, elle se traîne pour les effectuer, mais là, wouah!, j'orientais les épaules rênes flottantes, déportais le poids du corps, effleurais le flanc avec ma jambe et hop! elle partait en déplacement latéral sans perte d'impulsion. Aucun doute, elle comprend très bien ce que je demande et elle sait le faire.

J'ai mis pied à terre quinze minutes avant les écuries pour l'amener à quelques pauses-manger et lui apprendre ainsi je l'espère à ne pas marcher aussi vite sur le chemin du retour. Le fait de devoir se tenir derrière moi l'incite aussi à ralentir le pas.

Arrivées aux écuries, après désellage, petite inspection générale. Pas de cailloux aux pieds, un peu humide sous la selle, juste un peu de transpiration au passage de sangle. J'ai encore du mal à savoir si elle est plus inquiète qu'excitée d'être en forêt : elle a le port un peu haut, regarde partout, marche et trotte énergiquement, prend le trot avec un mouvement de tête qui me paraît vouloir dire "chouette ! on y va !". Quand je rentre aux écuries, je regarde quand même si elle a transpiré autour des yeux et des oreilles mais c'est sec à chaque fois, preuve qu'il n'y a pas de
stress, ou en tout cas pas assez pour la faire transpirer à ces endroits. La seule transpiration apparente est une transpiration normale.

J'adore être seule avec elle dehors. Ca me permet d'être son seul référent et de profiter d'une sortie "en solitaire à deux". J'aime mettre pied à terre, pour passer un chemin difficile ou juste pour marcher à côté d'elle quelques minutes, puis remonter. J'ai l'impression de vivre une petite aventure. Petit à petit, prenant des chemins différents à chaque sortie, nous continuons de découvrir cette forêt.